Gestion des compétences : la petite histoire de la cuisson des boulettes

 

Une entreprise témoigne : l'histoire de Jean et de ses boulettes

 

Voici un témoignage très parlant, qui met en lumière les retombées concrètes de l'analyse des compétences.

 

Dans une entreprise artisanale qui s'occupe de la transformation de la viande, Jean,  notre opérateur, était LE spécialiste de la cuisson des boulettes. Quelle que soit la recette ou la taille de ses boulettes, elles étaient toujours cuites à cœur et avaient toujours une belle coloration, ni trop pâle ni trop foncée.

 

Le poste de Jean était considéré comme le plus simple de l'atelier. Les responsables de l'entreprise pensaient même que Jean était un peu faible d'esprit car il était le seul à pouvoir se concentrer sur cette tâche si simple.
Pourtant, personne n'arrivait à cuire les boulettes à la perfection comme lui.

 

Quand il était en vacances, les boulettes n'étaient pas aussi moelleuses et cuites à point ; elles n'avaient pas cette belle couleur appétissante. Aucun autre travailleur n'était à la hauteur quand il s'agissait de remplacer Jean...

 

Les responsables se demandaient pourquoi les autres travailleurs n'arrivaient pas à remplacer Jean et à atteindre la même perfection, alors que la tâche était si simple... Y aurait-il un truc ou une recette magique pour réussir cette cuisson parfaite ?

 

Et la lumière fut...

 

Entra alors en scène Marie, la consultante. Marie procéda à l'analyse du poste de Jean, dans le cadre d'une mission de services 'conseils' destinée à analyser les besoins en formations. Une observation du poste de Jean et une discussion avec lui (deux séances de deux heures) permit de formaliser la prise de décision inconsciente de Jean.

 

Il apparût que Jean faisait varier la cuisson de ses boulettes en fonction de deux paramètres : la température et le temps de cuisson. Ce temps de cuisson, Jean le faisait également varier selon la grosseur de la boulette et la marque de celle-ci.

 

Pourquoi la marque ? Parce qu'il y avait différentes recettes, propres à chaque marque, et que cette recette avait une influence sur le temps de cuisson.

 

Enfin, pour certaines recettes, Jean attendait que la boulette remonte à la surface, ce qu'il avait identifié comme un indicateur fiable de cuisson parfaite.

 

Il n'y avait plus qu'à formaliser cette façon de procéder dans une matrice, ce que Marie fit. Au besoin, on pouvait traduire cette matrice en compétences. Il ne restait plus qu'à former l'équipe à appliquer la matrice. L'objectif de développer la polyvalence de l'équipe était atteint !

 

Matrice de cuisson des boulettes de Jean :

 

Température
Durée de cuisson
 Aspect visuel
Grandes boulettes
Marque A
1
X secondes (le temps de préparer l'autre cuisson)
La boulette doit se colorer
Marque B
1
X secondes
La boulette doit se colorer
Marque C
« 2 »
(= un peu moins que 1)
Y secondes
(= un peu plus que X)
La boulette doit
«flotter» + se colorer + le frémissement devient plus intense
Petites boulettes
Marque A
 3
Z secondes
Idem
Marque B
4
W secondes
Idem

 


Moralité : tous les postes sont concernés et 'mieux vaut prévenir que guérir'

 

A travers l'histoire de Jean et de ses boulettes, nous tirons deux enseignements.

 

D'abord, l'analyse des compétences ne concerne pas uniquement les postes qualifiés, bien au contraire. Tous les postes au sein d'une entreprise exigent des compétences, même les plus 'simples', car ils font aussi appel à des compétences, dites 'de terrain'.

 

Ensuite, malheureusement, ces compétences de terrain sont bien souvent informelles. Elles ne révèlent leur importance que lorsque le préposé au poste est absent.

 

Notre conseil : N'attendez pas que vos boulettes soient mal cuites avant de vous pencher sur la gestion des compétences dans votre entreprise !

 

Envie d'en savoir plus ?

Découvrez sans tarder le site www.capfoodcompetences.be !